13 novembre 2020

Voici un petit livre pratique qui revient sur une maladie mentale méconnue et souvent mal accompagnée. Nous imaginons les malades faibles et peu entreprenantes, c’est tout le contraire ! Le jeûne leur fait secréter des endorphines qui les rend heureuses, euphoriques. L’anorexie est addictive comme une autre drogue. Elle peut provoquer à long terme des problèmes de carences (ex. de potassium) mais peut aussi déclencher l’ostéoporose. Le corps n’en ressort pas indemne. Au fil des mois ou années de maladie, s’installent des problèmes récurrents de concentration, de vertiges, d’intestins, des troubles fréquents de l’humeur et de la sexualité. Le rejet corporel intense peut également générer un manque d’hygiène. Les blocages face auxquels la malade fait face sont tels que manger devient un calvaire. Elles sont les reines du tri et de la découpe et de la manipulation de leur entourage. Sous une apparence joviale, elles endossent un manteau d’angoisses. La nourriture est leur objet « d’attention », leur préoccupation majeure empêchant tout autre sujet ou projet d’exister. Étrangères à elles-mêmes et sans cesse à la recherche de la perfection quel que soit le domaine, les phénomènes d’autopunition (mutilation) ne sont pas rares et accroissent la souffrance chez le sujet. Souvent des abus ou des traumatismes sont à l’origine du mal. Les relations tendues avec la mère sont également observées sans que ce soit systématique. Si le livre parle au « pluriel féminin », la gente masculine peut également être impactée. Parmi les moyens pour soulager le mal, l’art-thérapie et un accompagnement psychocorporel peuvent être combinés pour une reconnexion à l’être mental et physique. Trouver un nouveau sens à son existence est essentiel à la stabilisation à long terme de la patiente.

Shankland, R. (2008), Anorexie. Sortir du tunnel, Paris : Éditions de la Martinière.

Ma profession ? Mannequin ou comment vivre en ayant faim.

Je l’ai lu quasi d’une traite…Cette autobiographie retrace le parcours de Victoire, jeune mannequin qui nous confie les quelques mois passés dans l’enfer du mannequinat. Alors que la haute couture fait rêver les adolescentes et que Gossip Girl nous emmène dans l’univers des jeunes filles fortunées se parant de produits de luxe, ce livre nous offre une vision réaliste d’un milieu sans pitié. Loin des défilés, la vie de l’auteur est terne, mangeant trois pommes par jour, elle maigrit rapidement pour rentrer dans le « 32 » recherché par les créateurs. Epuisée par des longues heures d’attente aux castings, la jeune femme persévère et parvient en s’affamant à décrocher des beaux contrats. Si les rencontres s’avèrent parfois magnifiques et pleines de bienveillance, les entrevues sont parfois glaciales. Les participantes sont du bétail autour duquel s’affairent les maquilleurs et autres employés chargés d’embellir les « barbies » amaigries sur les podiums. Je suis estomaquée par les conditions déplorables de certains shootings. Par tous les temps, les mannequins pour être « pros », doivent se plier aux exigences parfois loufoques des photographes et stylistes de renom. Je réfléchirais deux fois  quand je verrai un article de seconde main Prada. Heureusement, il y a un happy end, l’héroïne abandonne finalement les laxatifs et lavements pour retrouver un poids et vie normale. Elle poursuit son rêve et se forme à la comédie. Je lui souhaite beaucoup de succès, espérant que la diffusion de ce livre questionne les consommatrices de mode. C’est aussi en modifiant son comportement d’achat que l’on peut changer les choses…Autant promouvoir les marques dont les standards et les conditions de travail respectent la dignité humaine. Et si les égéries souriaient à la place de « tirer la gueule » ? Elles ne seraient pas que des cintres vivants et pourraient dégager les valeurs humanistes de belles griffes célèbres…

Maçon Dauxerre, V. (2016), Jamais assez maigre. Journal d’un top model, Paris : Les Arènes.