Voici un petit livre pratique qui revient sur une maladie mentale méconnue et souvent mal accompagnée. Nous imaginons les malades faibles et peu entreprenantes, c’est tout le contraire ! Le jeûne leur fait secréter des endorphines qui les rend heureuses, euphoriques. L’anorexie est addictive comme une autre drogue. Elle peut provoquer à long terme des problèmes de carences (ex. de potassium) mais peut aussi déclencher l’ostéoporose. Le corps n’en ressort pas indemne. Au fil des mois ou années de maladie, s’installent des problèmes récurrents de concentration, de vertiges, d’intestins, des troubles fréquents de l’humeur et de la sexualité. Le rejet corporel intense peut également générer un manque d’hygiène. Les blocages face auxquels la malade fait face sont tels que manger devient un calvaire. Elles sont les reines du tri et de la découpe et de la manipulation de leur entourage. Sous une apparence joviale, elles endossent un manteau d’angoisses. La nourriture est leur objet « d’attention », leur préoccupation majeure empêchant tout autre sujet ou projet d’exister. Étrangères à elles-mêmes et sans cesse à la recherche de la perfection quel que soit le domaine, les phénomènes d’autopunition (mutilation) ne sont pas rares et accroissent la souffrance chez le sujet. Souvent des abus ou des traumatismes sont à l’origine du mal. Les relations tendues avec la mère sont également observées sans que ce soit systématique. Si le livre parle au « pluriel féminin », la gente masculine peut également être impactée. Parmi les moyens pour soulager le mal, l’art-thérapie et un accompagnement psychocorporel peuvent être combinés pour une reconnexion à l’être mental et physique. Trouver un nouveau sens à son existence est essentiel à la stabilisation à long terme de la patiente.
Shankland, R. (2008), Anorexie. Sortir du tunnel, Paris : Éditions de la Martinière.