Réflexion : ne tuons pas les identités…Et si le secret, c’était d’accepter sa multiplicité ?

Libanais d’origine, Amin Maalouf nous confie dans Les identités meurtrières son analyse de l’identité. Avec peu de jargon et le rappel de notions sociologiques nécessaires, cet essai se lit facilement. Il est à la portée d’adolescents comme des parents qui se questionnent sur le vivre-ensemble et sur ce qu’ils souhaitent transmettre aux prochaines générations. Commettre des crimes au nom de son identité n’est pas tolérable, encore faut-il savoir de quelle identité nous parlons. Pour certains, il s’agira de la classe, de la religion, de la nation. Si l’on limite la vision de l’identité à la religion, le risque de dérive est présent. Amin Maalouf est un libanais chrétien qui parle arabe, paradoxal me direz-vous ? Oui et pourquoi pas ? C’est nous qui maintenons la confusion entre religion et nationalité. Voyons plutôt l’identité comme un patchwork d’appartenances. Quand elle se résume à une seule c’est là, où elle peut devenir meurtrière… Les thématiques du pays d’origine, des religions (et leurs histoires), de la mondialisation et la langue m’ont particulièrement intéressées.

D’un point de vue historique, l’Islam avant, était tolérant mais au cours de l’Histoire, l’Occident a évolué en écrasant avec le christianisme les autres civilisations. Empêchés de rejoindre la « modernité », l’Orient a souffert et la population arabe s’est mise à écouter le radicalisme religieux. À partir des années 70, on assiste à une augmentation des voiles et des barbes chez les hommes. Quand on relie l’islamisme politique, antimodernisme et antioccidental à l’expression des peuples arabes, c’est un raccourci.  L’Occident a été méprisant générant des réactions néfastes. À l’heure de la mondialisation, il importe plus encore d’être tolérant avec l’ « Autre » qui qu’il soit…Attention malgré tout à l’uniformisme extrême et à l’appauvrissement de notre culture. Les séries TV, les musiques ne doivent pas être dominées par les Anglo-saxons. Respectons et valorisons chaque langue, reconnaissons l’apport de tous les peuples. Comme Maalouf le rappelle, si nous sauvons les pandas pourquoi pas les dialectes ?  Autorisons les symboles à exister. Le monde est grand et change rapidement, nous avons peur et nous avons besoin d’affirmer une identité. Il faut des efforts communs pour une intégration de communautés multiples réussie. Surtout ne jamais désespérer, l’époque que nous vivons est une fantastique ère d’ouverture, à nous de garder nos racines pour nous garantir un ancrage en tolérant ceux des autres. On peut trouver dans le monde des ressources farfelues. Si on fait en sorte de ne pas s’« exclure », c’est la voie d’un vivre-ensemble équilibré.

Référence : Maalouf, A. (1998), Les identités meurtrières, Paris : Grasset.

 

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