octobre 2020

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Réflexion : ne tuons pas les identités…Et si le secret, c’était d’accepter sa multiplicité ?

Libanais d’origine, Amin Maalouf nous confie dans Les identités meurtrières son analyse de l’identité. Avec peu de jargon et le rappel de notions sociologiques nécessaires, cet essai se lit facilement. Il est à la portée d’adolescents comme des parents qui se questionnent sur le vivre-ensemble et sur ce qu’ils souhaitent transmettre aux prochaines générations. Commettre des crimes au nom de son identité n’est pas tolérable, encore faut-il savoir de quelle identité nous parlons. Pour certains, il s’agira de la classe, de la religion, de la nation. Si l’on limite la vision de l’identité à la religion, le risque de dérive est présent. Amin Maalouf est un libanais chrétien qui parle arabe, paradoxal me direz-vous ? Oui et pourquoi pas ? C’est nous qui maintenons la confusion entre religion et nationalité. Voyons plutôt l’identité comme un patchwork d’appartenances. Quand elle se résume à une seule c’est là, où elle peut devenir meurtrière… Les thématiques du pays d’origine, des religions (et leurs histoires), de la mondialisation et la langue m’ont particulièrement intéressées.

D’un point de vue historique, l’Islam avant, était tolérant mais au cours de l’Histoire, l’Occident a évolué en écrasant avec le christianisme les autres civilisations. Empêchés de rejoindre la « modernité », l’Orient a souffert et la population arabe s’est mise à écouter le radicalisme religieux. À partir des années 70, on assiste à une augmentation des voiles et des barbes chez les hommes. Quand on relie l’islamisme politique, antimodernisme et antioccidental à l’expression des peuples arabes, c’est un raccourci.  L’Occident a été méprisant générant des réactions néfastes. À l’heure de la mondialisation, il importe plus encore d’être tolérant avec l’ « Autre » qui qu’il soit…Attention malgré tout à l’uniformisme extrême et à l’appauvrissement de notre culture. Les séries TV, les musiques ne doivent pas être dominées par les Anglo-saxons. Respectons et valorisons chaque langue, reconnaissons l’apport de tous les peuples. Comme Maalouf le rappelle, si nous sauvons les pandas pourquoi pas les dialectes ?  Autorisons les symboles à exister. Le monde est grand et change rapidement, nous avons peur et nous avons besoin d’affirmer une identité. Il faut des efforts communs pour une intégration de communautés multiples réussie. Surtout ne jamais désespérer, l’époque que nous vivons est une fantastique ère d’ouverture, à nous de garder nos racines pour nous garantir un ancrage en tolérant ceux des autres. On peut trouver dans le monde des ressources farfelues. Si on fait en sorte de ne pas s’« exclure », c’est la voie d’un vivre-ensemble équilibré.

Référence : Maalouf, A. (1998), Les identités meurtrières, Paris : Grasset.

 

Une pause méditative/zen entre filles

Retrouvailles entre femmes pour un moment relaxant et créatif. Cet après-midi, après une pause méditative et baignées dans des odeurs bienfaisantes d’huiles essentielles soigneusement choisies, nous nous mettons à l’ouvrage.

L’optique ? Élaborer notre jardin japonais miniature en nous laissant guider par notre inspiration. Des objets personnels viennent agrémenter nos compositions. Judicieusement placée dans notre intérieur, notre œuvre est un refuge symbolique nous rappelant combien il est important de s’accorder du temps pour prendre soin de soi…

Lettres à ma tendre aïeule

Dans ce roman hors du commun, Virginie Grimaldi nous propose une compilation de courriers rédigés au fil des mois à sa mamie. Le lecteur y découvre entre autres, les paysages de la superbe île de Ré. L’auteur nous livre avec authenticité le récit de ses journées bien remplies d’écrivain et maman en vacances ou au boulot (en pleine promo). L’ennui y est, on s’en doute, rarement au menu. C’est un ramassis agréable d’anecdotes hilarantes. Mon conseil : ne lisez pas tout d’une traite car c’est un peu indigeste. Vous risquez l’overdose humoristique. Grimaldi qui ne « ronfle » pas mais qui « ronronne » nous déculpabilise et c’est là, l’apport d’une telle lecture. Au fil des pages, on sent son attachement pour sa grand-mère, lien qui donne envie. La vente de cet opus est reversée à une association française aidant les services pédiatriques qui embellissent la vie d’enfants hospitalisés. Un noble cause soutenue qui me touche. Au prix modique de 5 euros, Chère Mamie est abordable et recommandé si vous déprimez en cette période automnale.

Référence : Grimaldi, V. (2018), Chère Mamie, Paris : Fayard/Le Livre de Poche.

Se battre pour « se faire appeler »…

Christina vit en Belgique mais ses parents sont étrangers. Dans ce livre paru en 2008, nous revivons l’enfance d’une enfant dont le père marocain lutte pour avoir la nationalité belge. Dans les méandres de l’administration, l’homme se bat pour se faire appeler « Sam » et offrir à sa fille une vie « normale ». La tribu maternelle de Christina vient d’Espagne, cette douce contrée embaumée par les fleurs d’oranger. Travailleur et croyant, « Sam » respecte aussi la chrétienté, s’y initie et poursuit au fil des années une intégration périlleuse vu la complexité de notre système. Dans ce roman touchant (et court, 72 pages !), la petite héroïne voit les sacrifices parentaux mais baigne aussi dans l’ambiance chaleureuse du « Sud » en restant en Belgique. Avec les années, elle deviendra médecin, vivra en Espagne et épousera un Tchéchène. C’est parce qu’un jour elle reçoit le testament de son papa emporté trop tôt par un cancer du poumon qu’elle revient au Maroc sur les traces de ses ancêtres. Si j’hésitais à entamer la lecture du roman, moi qui préfère les comédies joyeuses, j’ai vite voulu connaître la suite. Je l’avoue, j’ai pleuré face à l’humilité avec laquelle son père musulman a traversé les épreuves. Pas un seul instant, il n’a jugé l’altérité, il s’est ouvert en bienveillance aux croyances externes en encourageant sa fille à l’imiter. Loin des images négatives véhiculées par les médias, cette histoire poignante rappelle combien il est important de ne pas stigmatiser des communautés mais d’apprendre à les connaître. Osez rencontrer la diversité, vous n’en serez que transformé…

Référence : Belize, I. A. (2008), Appelez-moi Sam, Namur : averbode.