Quand j’aborde les résidents en chambre pour leur proposer l’animation, je scrute les réactions, les appréhensions. Quelques dizaines de minutes après mon passage, nous voilà rassemblés avec mes participants dans l’espace de vie du premier étage.
En cet après-midi automnal, l’heure n’est pas à la décoration mais à l’évocation…du bon vieux temps.
Démarrage en néerlandais pour certains, en français pour d’autres, je leur propose de retracer leur passé, leur jeunesse mais rien ne presse. Nous avons une bonne heure devant nous.
Les jeux de mots délient les langues et la magie opère. Les uns et les autres échangent des regards mais aucun ne juge les vécus partagés.
Quand Bernard évoque la guerre, cette période sombre où il a été un « jeune », c’est pour en tirer le meilleur, la difficulté l’a fait grandir, devenir « homme ». « Quand on est jeune, on nous parle toujours de réussir…Mais le but de la vie, c’est de vivre… » ajoute-t-il une étincelle dans le regard.
Pour ses camarades féminines, le ressenti est différent mais pas moins juste. Il faut travailler dur, aider les siens à survivre. Homme ou femme, être parent les a transformés. Il faut bien se lever le matin, s’activer pour offrir le meilleur à sa tribu. A l’époque, les familles nombreuses sont la norme même si les écarts d’âge entre les enfants existent. Les résidents sont fiers de leurs descendants. Parfois, ils leur manquent mais quand ils se retrouvent, c’est pour le plus grand bonheur de tous.
Il est rapidement 16h et nous n’avons pas vu le temps filer ! On conclut sur une note positive. Même si l’existence est jalonnée d’épreuves et parfois marquée par l’incertitude d’un monde extérieur en perpétuel mouvement, le bonheur réside dans les choses simples. La famille, les enfants, la nature, les voyages et les rencontres nourrissent l’être humain.
